Les 1&2 Décembre 2023, se tenaient la nouvelle édition du Grand Tasting, ainsi que ses masterclass dédiées à plusieurs producteur de renom. J’ai pu participer à 3 d’entre elles, verticales de Têtes de Cuvée de maisons de Champagne, détaillées ci dessous :
GRAND SIECLE DE LAURENT-PERRIER
Présentée par Michel Fauconnet, chef de cave de la maison Laurent Perrier
La première cuvée Grand Siècle a été produite sur la base de millésime 1952, bien avant que M. Fauconnet prenne les rênes des vinifications chez Laurent Perrier en 1973. Mais cette cuvée est toujours composée de 3 millésimes complémentaires pour réaliser l’année parfaite.
Ce champagne se construit autour des chardonnays grands crus de la Côte des Blancs et le Pinot Noir vient apporter le fruit dans la jeunesse et sa complexité avec le temps.
Car c’est peut-être ce dernier aspect qui donne le style Grand Siècle « vinification pure et simple, juste le temps révèle le potentiel des terroirs et des cépages », « on recherche la fraicheur dans nos vins et la complexité aromatique vient avec le vieillissement »
# itération 26 : Tout nouvellement mise sur le marché et c’est la première fois que je déguste ce champagne. Issu de la base de millésime 2012, et accompagné des années 2008 et 2007. Le nez est déjà brioché, rond et opulent. La bouche est plus digeste mais termine par cette impression pâtissière. C’est un champagne puissant et démonstratif.
# itération 25 : base 2008, accompagné des millésimes 2007 et 2006, ce champagne montre sa classe supérieure par sa subtilité. Itération 26 est plus démonstratif et Itération 25 est beaucoup plus équilibrée et pure. La typicité d’évolution des grands pinots est présente mais sans trop, ce champagne allie gourmandise et tonicité. A ce stade, il n’est qu’à ses débuts d’ouverture de vin alors qu’il n’est plus commercialisé par la maison Laurent Perrier.
# itération 22 magnum : Base 2004, accompagnée des millésimes 2002 et 1999, pas dévolution au nez, plus discret, même végétal et nerveux (même de l’amertume). Aucun beurré typique « Grand Siècle », la trame est plus axée sur l’énergie et le punch des grands crus. Assurément à attendre pour révéler son plein potentiel.
# réserve itération 17 magnum : Base 1995 avec 1993 et 1990. Nez super précis, un peu comme l’itération 25 mais avec beaucoup plus de complexité. Attaque en bouche également typé Grand Siècle mais plus de précision et d’allonge. Champagne prêt à boire.
CLOS DES GOISSES DE PHILIPPONNAT
Présentée par Charles Philipponnat, président de la maison
Le Clos des Goisses est l’un des premiers clos revendiqués avec le Clos Tarin (entrant dans la composition du champagne Salon afin d’être acheté par Krug pour produite le Clos du Mesnil) et la Clos du Moulin du Champagne Cattier. C’est le plus grands Clos de Champagne avec 14 parcelles dont les Cintres (vignes les plus anciennes de ce monopole). Sur sa partie sud, la Marne a ses pieds, les coteaux font partie des plus pentus de Champagne et de fait dispose de maturités plus grandes. Pour équilibrer cela dans la vinification, Philipponnat empêche les fermentations malolactiques pour garder de la fraicheur dans les vins. Sur les 4 champagnes dégustés et détaillés, le point commun était le profil froid, voir tardif du millésime :
# Clos des Goisses 2014 : Bientôt à la commercialisation. Couleur Claire. Nez floral, plus tendu. Grande pureté qui montre le caractère du terroir.
# Clos des Goisses 2013 : Millésime en cours. Champagne plus coloré. Nez plus concentré qui laisse transparaître plus de matière. En bouche, le fruit est juteux et concentré mais affiche une fraicheur noble avec une intensité minérale en finale. Un des rares 2013 très réussis en Champagne selon mes dernières dégustations …
# Clos des Goisses Long Vieillissement (L.V) 1997 : L.V est une seconde commercialisation après 24ans d’élevage. Le champagne est sur le même profil que le 2014 mais avec un peu plus de complexité.
# Clos des Goisses L.V 1998 : « Millésime de pourriture noble » selon Charles Philipponnat. Je pense que ce champagne fait partie de mon top 3 des bouteilles bues cette année! Juste exceptionnel ! C’est la première fois que je bois de la truffe blanche d’Alba ! Les arômes de sous bois s’allient parfaitement avec l’intensité du terroir et la chair du Pinot Noir! Génial !
COMTES DE CHAMPAGNE DE TATTINGER
Présentée par Alexandre Ponnavoy, chef de caves de la maison Taittinger
Comtes de Champagne est né en 1952 avec la volonté de « tirer le meilleur de la Côte de Blancs avec un élevage sur lies de 10ans afin de proposer un champagne accessible mais complexe » selon M. Ponnavoy. La maison Taittinger se fournit sur 5 villages mais se repose sur 2 piliers de ces grands crus : Avize et Mesnil sur Oger, ainsi qu’un appro sur Chouilly qui est le seul à voir le fûts de chêne pendant les vinifications. Même exercice qu’avec le Clos des Goisses, nous ne dégusterons que des millésimes froids :
# Comtes de Champagne blanc de blancs 2013 : Commercialisé en ce moment. « Un gamin » selon M. Ponnavoy, vendangé également en Octobre, ce qui a permis au Chardonnay de murir lentement. De ce fait, cela donne un champagne charnu (du fait du dosage à 9g/L?) mais vertical. Encore jeune, ce champagne reste fin et demande un peu de temps pour prendre plus d’ampleur sur la finale.
# Comtes de Champagne blanc de blancs 2008 : « Millésime froid sans beaucoup d’attente jusqu’à la dégustation des vins clairs quelques mois après les vendanges! », « Exceptionnel » même selon M. Ponnavoy. Encore plus de contrast : mûr au nez, voir beurré riche mais tranchant en bouche. La finale prolonge finement cette impression de beurré. Très grand champagne qui peut encore attendre…
# Comtes de Champagne blanc de blancs 2004 : Nez enrobant, toasté mais vif. La bouche est fruitée et exubérante mais le champagne reste digeste, aucune lourdeur. A boire maintenant.
# Comtes de Champagne blanc de blancs 1998 : Moins riche et plus tendu que le 2004. L’équilibre est là : rond et digeste. Quelques notes d’évolution du Chardonnay pour une bouche ample. A boire aussi maintenant.