Dans son dossier Grand Entretien, la Revue du Vin de France questionne une personnalité du vin, parfois, ce sont des personnalités champenoises qui sont interviewées comme Pierre Emmanuel Taittinger dans une édition précédente. C’est au tour d’Hubert de Billy qui représente la 5ème génération de Pol Roger à la tête de la maison, d’être interviewé dans ce « Grand Entretien ».
Hubert de Billy, arrivé en 1988 à la tête de la maison, explique que la maison de champagne Pol Roger s’inscrit dans la durée. Les champagnes et les procédés « maison » de vinification sont transmis de génération en génération, le mérite ne revient jamais à un seul homme mais à un travail d’équipe. Hubert de Billy rajoute que chez Pol Roger, ce sont deux équipes de dégustation qui « se rejoignent à un moment » pour élaborer un champagne dans le respect des valeurs de la maison. C’est un peu de la même façon qu’il a repris les reines du champagne Pol Roger, en suivant son oncle Jean Pol Roger et apprenant de lui avant de lui succéder.
Il est vrai que les maisons de champagne sont avant tout des maisons de négoce qui achètent des raisins mais certaines maisons ne préfèrent pas le mettre en avant. Chez Pol Roger, on est transparent de ce côté-là, Hubert de Billy revendique ce statut de Négociant. En effet, Pol Roger distribue environ 1.600.000 bouteilles de champagne dans le monde entier. « Tout marche bien en Champagne » entre les maisons de négoce qui achètent et les vignerons qui vendent les raisins. Chacun son métier, l’un vend des bouteilles à travers le monde et à le réseau pour le faire et l’autre produit du raisin de qualité. Pol Roger ne se fournit qu’en premier et grand cru de champagne comme chez le vigneron Didier Gimonnet dans la côte des blancs. Chez Pol Roger, c’était cette vision Pol Roger de « La Vigne au Vignerons, le vin aux négociants » jusque dans les années 60 jusqu’à l’arrivée du père d’Hubert de Billy qui commença à investir dans les vignes. Maintenant Pol Roger dispose de 89 hectares de vigne, ce qui lui permet de couvrir 50% de ces besoins.
Le Champagne Pol Roger est connu pour faire partie des sept maisons de champagne officiel de la cour d’Angleterre. C’était le champagne favori de Winston Churchill et ce fut l’année dernière la champagne du mariage de Kate et William. Ce « Royal Warrant » britannique leur permet de rayonner fortement sur les pays anglo-saxons comme le Royaume Uni, l’Australie et les États-Unis. Comme l’explique Hubert de Billy, le champagne s’est démocratisé au cours du temps comme la boisson d’apértif (avant c’était le Whisky comme pour Winston Churchill) et de fait la maison Pol Roger a du suivre la tendance. En effet, Pol Roger proposait des champagnes issus d’une très grosse proportion de Pinot Noir, un peu de Pinot Meunier et très de Chardonnay car les anglais le consommait pendant le repas comme vin, ainsi les champagnes proposés étaient assez lourd « full body » selon l’expression anglaise, maintenant Pol Roger vinifie sont brut réserve à égale proportion de Pinot Noir, Pinot Meunier et Chardonnay, ce qui donne des champagnes ronds avec le Pinot Meunier et aérien avec la présence du Chardonnay.
De part ce statut de la reine d’Angleterre, la maison Pol Roger peut paraître « vieillote » mais c’est un maison qui suit l’ère du temps, comme pour la vinifiaction de son brut réserve ci dessus. Elle en a fini avec les fûts de chêne et en 2012, elle détient maintenant toutes ses cuves en Inox (plus de cuves en béton non plus » et elle fait partie des maisons de champagne qui n’utilise plus la fine de champagne (assemble de premiers crus de Cognac) pour renforcer la liqueur que l’on rajoute pour donner l’identité maison après dégorgement.