Zoom sur la famille Taittinger
Dans un dossier de quelques pages, Pierre-Emmanuel Taittinger s’explique. Son approche du vin et du champagne est très simple, « Il y a 35 ans que je ne crache plus de vin ». Il fait partie des rares personnalités qui pensent que les notations ne veulent rien dire. Seuls le contexte et la notion de partage comptent. Il rapproche le champagne à la femme, « on ne parle pas de laideur d’une femme, alors pourquoi s’attarder sur les défauts d’un vin.. ». Les notations comparatives ont permis, selon lui, à éduquer le consommateur. Maintenant que l’éducation est faite, il n’a plus besoin et il sait quand un vin est bon. Les prix des grands vins sont démesurés, le champagne est certes un produit de luxe, mais doit rester accessible. Cette vision est possible chez Taittinger car cette marque reste familiale. Ainsi, P.E Taittinger affirme ne pas toucher de stock-options, ni de bonus quand d’autres maisons doivent reverser des dividendes à des actionnaires. Cela se retrouve donc inévitablement dans les prix du champagne, quand on trouve un Comtes de Champagne aux alentours des 110€ alors qu’un Dom-Perignon est positionné vers 135€.
Le Millésime 2010 en champagne?
Le millésime a obligé à vendanger rapidement car le dernier mois a vu apparaître de la pourriture sur les baies. Les Pinots ont souffert, surtout le Pinot Meunier, alors que le Chardonnay s’en est beaucoup mieux tiré. Les champagnes blancs de blancs pourront être millésimés. Chez Roederer par exemple, le Cristal ne sera pas millésimé mais le Rosé et le Blanc de Blancs le seront, ce dernier étant d’une belle réussite. Malgré une année difficile pour le Pinot Noir, Egly-Ouriet s’en sort plutôt bien et millésimera même son coteaux champenois en 2010.
Les récoltants-manipulants de renom hébergent leurs visiteurs?
Les 2 meilleurs vignerons se lancent dans l’hôtellerie, Egly-Ouriet a racheté une maison sur Ambonnay pouvant accueillir dès 2012 une quinzaine de chambres. Selosse, à Avize, l’avait précédé en rachetant le château de Bricout pour y installer des chambres d’hôtes. Nul doute que ces chambres pourront accueillir les touristes pour visiter les caves de ces 2 célèbres récoltants-manipulants d’Ambonnay et d’Avize.
Les grands vins sont-ils devenus des produits de luxe?
Dans la fin de ce numero special, le débat des grands vins est lancé avec plusieurs intervenants dont 2 champenois de renom : Carol Duval-Leroy et Frédéric Rouzaud directeur général de la maison Louis-Roederer. La P.D.G de la maison de champagne Duval-Leroy dénonce le côté bling-bling des buveurs d’étiquettes. L’offre est tellement infime que les prix s’envolent et laissent de côté un grand nombre d’amateurs. Frédéric Rouzaud parle plutôt d’un juste retour d’un savoir-faire sans cesse remis en question. La spéculation qui se fait donc, est-elle inquiétante? Selon C. Duval-Leroy, cette envolée des prix des grands crus de Bordeaux lui ont permis de découvrir d’autres régions plus accessibles comme les Côtes du Rhône. Selon le D.G de Louis Roederer, cette spéculation est due à créer « artificiellement de la rareté » pour faire grimper les prix et cela est dangereux en cas de fragilité conjoncturelle.
Source : Revue du Vin de France