Frédéric Durand-Bazin :
Quelle est l’histoire de la maison Drappier située à Urville, et déjà où est Urville?
André Drappier :
Urville est dans le coteaux de Bar-sur-Aube, dans l’Aube naturellement. On est à un quart de Colombey-les-deux-églises dans la région de la vallée de l’Aube. Notre vignoble est situé là réparti dans plusieurs communes dans le département et principalement à Urville.
Frédéric Durand-Bazin :
C’est une maison qui a été créée quand?
Michel Drappier :
Le Domaine a été installé par les romains, aménagé par Saint Bernard de Clairvaux qui venait de Bourgogne au XIIème siècle et qui a apporté dans ses bagages le Pinot Noir de Bourgogne qui s’appelait morillon noir à l’époque. Donc on a la chance du Pinot Noir aujourd’hui chez nous et il a construit nos caves en 1152 mais la famille Drappier y est que depuis 1808 c’est à dire sous Napoléon 1er donc mon père est la 7ème génération et moi je suis la 8ème.
Frédéric Durand-Bazin :
On a tendance à parler en Champagne pus d’assemblage et de cépages que de terroirs. Pourtant la devise de la maison Drappier c’est de mettre en avant le terroir. Vous avez quand même une vision assez claire sur le rôle de celui-ci?
Michel Drappier :
Nous avons un terroir assez particulier, jurassique méridien, plein sud, très calcaire et on a pensé que c’était beaucoup plus intéressant de faire un champagne défini sur ce sol que d’essayer de faire des assemblages un peu démocratiques et légers et un petit peu neutres.
Frédéric Durand-Bazin :
Vous avez d’ailleurs une cuvée qui s’appelle la Grande Sendrée, ça vient d’où? D’un terroir particulier?
Michel Drappier :
La Grande Sendrée, c’est un groupe de parcelles situées à l’est de la colline d’Urville et il y a eu une incendie en 1836 qui a détruit le village et les environs et sur ce coteau, on a retrouvé une couche de cendres d’une vingtaine de centimètres et on appelé ce coteau les Sendrées avec un S et non un C. Sur ce coteau à l’est; le Chardonnay pousse très bien et on a fait un assemblage moitié Chardonnay, moitié Pinot Noir très intéressant.
Frédéric Durand-Bazin :
Au delà de ces cuvées, vous êtes un adepte du faible usage du souffre , pourquoi?
Michel Drappier :
Nous sommes allergiques au Souffre, trop de souffre donne des migraines, des nausées et des aigreurs d’estomac. Donc on a préféré faire des vins peu soufrés parce que c’est plus agréable. La définition aromatique est plus précise, plus originelle et originale et si au moins un jour, on n’arrive pas à vendre notre production, au moins on pourra la boire.
Frédéric Durand-Bazin :
Et ça ne pose pas de problème de conservation le fait qu’on ne mette pas de souffre?
Michel Drappier :
Alors oui et non, le brut nature sans souffre n’est pas destiné à vieillir très longtemps, disons 2/3 ans. Généralement on le boit avant. Par contre un millésimé champenois que l’on veut garder 10, 20 ou 30 ans, il faut quand même un peu de souffre. Mais ce champagne sans souffre, nous a permis d’étudier la vinification avec peu de souffre et nous a permis de réduire la dose sur tous nos champagnes qui sont peu soufrés.
Dégustation du Brut Nature Zero Dosage par Michel Drappier :
La Dégustation du Champagne Drappier Brut Nature se fait par Michel Drappier à l’Arpège.
Michel Drappier : Là on est sur le brut nature 100% Pinot Noir zero dosage. Donc un champagne qui a été fait avec des raisins très murs sélectionnés à la parcelle, triés au pressoir, vinifié par gravité avec très peu de pompage pour que le vin ne s’oxyde pas et on a des arômes vraiment très naturels : de fruits, de levures. C’est très gourmand tout en étant très très secs. On a vraiment l’expression du fruit, du terroir et des sols jurassiques et méridiens qui sont très calcaires et un champagne qui est tout en franchise qui rafraîchit et malgré tout un fruit rond de fruit rouge, un champagne qui n’est ni filtré, ni décoloré. Une expression du champagne à l’état nature.