Frédéric Durand-Bazin :
Bonjour, vous êtes chef de cave chez Dom-Perignon depuis 1990, donc depuis 20 ans, ça fait donc 20 millésimes ou moins?
Richard Geoffroy :
Un peu moins quand même
Frédéric Durand-Bazin :
L’Histoire de Dom-Perignon ne débute pas avec vous, elle est un petit peu antérieure. On peut en dire quelques mots?
Richard Geoffroy :
Dom-Perignon est associé intimement à l’histoire de la Champagne. C’est toute l’histoire, c’est 3 siècles d’histoire, de traditions. C’est porter le nom de celui qui est unanimement reconnu comme le père de la champagne. C’est un figure à la fois visionnaire, charismatique et spirituelle. Et c’est une merveilleuse responsabilité que de porter le nom si haut et si fort.
Frédéric Durand-Bazin :
A tel point que Dom-Perignon est toujours à l’abbaye d’Hautvillers?
Richard Geoffroy :
Oui l’Abbaye d’Hautvillers est donc le lieu d’activité de l’homme Dom-Perignon en cette deuxième moitié du 17ème siècle et c’est une grand fierté que finalement d’avoir cet abri qui abrite l’âme et l’esprit du vin Dom-Perignon de nos jours
Frédéric Durand-Bazin :
Alors l’esprit Dom-Perignon c’est bien évidemment du Champagne mais pas que ça, c’est aussi un certaine nombre de grand principe..
Richard Geoffroy :
Cet esprit, effectivement, est de quelques grands principes, quelques grandes règles simples mais tellement fermes que de n’être que millésimé, qu’assemblé que sur des grands principes de l’équilibre parfait du blanc et du noir, d’un vignoble absolument incomparable et que d’avoir accès à l’ensemble des grands crus de la Champagne.. A savoir les 17 grands crus et ensuite sur une esthétique du vin qui est tellement bien démontré dans ce nouveau millésime 2002, d’un juge de paix, d’une vérité Dom-Perignon qui soit la bouche, d’un vrai engagement et d’une vraie philosophie de l’intensité à ne pas confondre avec la puissance, quelque chose de pénétrant, de persant, que ce soit plus sur la précision et l’harmonie que toute autre chose et enfin un potentiel de garde phénoménal
Frédéric Durand-Bazin :
On évoque les grands principes, est-ce que ça veut dire que l’on ne verra jamais de Dom-Perignon blanc de blancs et de Dom-Perignon mono-cru ou de mono-cépage ou un clos d’Hautvillers de Dom-Peringon?
Richard Geoffroy :
Certaines personnes qui croient aimer Dom-Perignon nous encourageraient d’avoir cet élément de distraction à étendre la proposition des vins Dom-Perignon vers une gamme quelque part et non. Dom-Perignon est un et indévisible, il n’est pas question de distraire de ces 2 assemblages du blanc et du rosé et au contraire d’y mettre toutes nos ressources en vignoble, en expertise, en efforts, en énergie et en amour..
Frédéric Durand-Bazin :
Là, on déguste le 2002. Est-ce que vous pouvez nous livrer vos impressions sur ce vin?
Richard Geoffroy :
C’est un millésime en mode majeur, c’est un millésime de richesse clairement et tout dans l’expression aromatique du vin, tout dans les caractères de la bouche signent un élément de richesse peut-être pas jusqu’à une opulence mais quand même. C’est en plein, les épaules sont larges, elles sont rondes, ce n’est pas sans me rappeler 1990 et c’est de ce niveau là. 2002 est à placer dans ces 20 dernières années au niveau de 1990 et 1996. Sans dépasser le 1996 mais en pedigree c’est de ce niveau-là. Un mode majeur avec un aromatique à ce stade d’existence d’un millésime Dom-Perignon. Une première sortie assez dramatique, assez grave pour un peu moins gris et un peu plus brun que d’habitude . Plus généreux et plus profond et suggérant la complexité et la bouche encore une fois : de la matière, la substance, du gras, de l’enveloppe et aussi une allonge. Dans la signature, il y a un drive qui l’emmène, qui se développe, qui s’étend, qui est assez extraordinaire et qui va rester pour toujours.